La gestion de paquets est un ajout souvent demandé au livre LFS. Un gestionnaire de paquets permet de conserver une trace des fichiers installés, simplifiant ainsi leur suppression ou leur mise à jour. Un gestionnaire de paquets gérera tant les fichiers binaires et de bibliothèque que l'installation des fichiers de configuration. Avant tout, NON—cette section ne parle pas d'un gestionnaire de paquets particulier, elle n'en recommande pas non plus. Elle fait un tour des techniques les plus populaires pour indiquer comment elles fonctionnent. Le parfait gestionnaire de paquets pourrait faire partie de ces techniques ou pourrait être une combinaison d'une ou plusieurs techniques. Cette section mentionne brièvement les problèmes pouvant survenir lors de la mise à jour des paquets.
Parmi les raisons de l'absence d'un gestionnaire de paquets mentionné dans LFS ou BLFS :
S'occuper de la gestion de paquets est en dehors des buts de ces livres— visant à apprendre comment un système Linux est construit.
Il existe de nombreuses solutions pour la gestion de paquets, chacune ayant ses forces et ses faiblesses. En inclure une qui satisfait tout le monde est difficile.
Des astuces ont été écrites sur le thème de la gestion de paquets. Visitez le Projet des astuces et voyez celui qui satisfait vos besoins.
Un gestionnaire de paquets facilite la mise à jour des nouvelles versions au moment de leur sortie. Généralement, les instructions dans les livres LFS et BLFS peuvent être utilisées pour les nouvelles versions. Voici quelques points à connaître pour une mise à jour de paquets, spécifiquement sur un système en cours de fonctionnement
Il est plus sûr, si Glibc doit être mis à jour vers une nouvelle version (par exemple, glibc-2.19 vers glibc-2.20), de reconstruire LFS. Bien que vous pourriez être capable de ne pas reconstruire tous les paquets dans leur ordre de dépendances, nous ne vous le recommandons pas.
Si un paquet contenant une bibliothèque partagée est mise à
jour et si le nom de cette dernière est modifié, alors les
paquets liés dynamiquement à la bibliothèque devront être
recompilés pour être liés à la nouvelle bibliothèque.
(Remarquez qu'il n'y a aucune corrélation entre la version du
paquet et le nom de la bibliothèque.) Par exemple, considérez
un paquet foo-1.2.3 qui installe une bibliothèque partagée de
nom libfoo.so.1
. Disons que
vous mettez à jour le paquet avec une nouvelle version
foo-1.2.4 qui installe une bibliothèque partagée de nom
libfoo.so.2
. Dans ce cas, tous
les paquets liés dynamiquement à libfoo.so.1
doivent être recompilés pour
être liés à libfoo.so.2
.
Remarquez que vous ne devez pas supprimer les anciennes
bibliothèques jusqu'à ce que les paquets indépendants soient
recompilés.
Ce qui suit est une liste de techniques habituelles de gestion de paquets. Avant de prendre une décision sur un gestionnaire de paquets, faites une recherche sur les différentes techniques et notamment leurs faiblesses.
Oui, c'est une technique de gestion de paquets. Certains n'éprouvent pas le besoin d'un gestionnaire de paquets parce qu'ils connaissent très bien les paquets et connaissent les fichiers installés par chaque paquet. Certains utilisateurs n'en ont pas besoin parce qu'ils planifient la reconstruction entière de LFS lorsqu'un paquet est modifié.
C'est une gestion des paquets tellement simple qu'elle ne
nécessite aucun paquet supplémentaire pour gérer les
installations. Chaque paquet est installé dans un répertoire
séparé. Par exemple, le paquet foo-1.1 est installé dans
/usr/pkg/foo-1.1
et un lien
symbolique est créé de /usr/pkg/foo
vers /usr/pkg/foo-1.1
. Lors de
l'installation de la nouvelle version foo-1.2, elle est installée
dans /usr/pkg/foo-1.2
et l'ancien
lien symbolique est remplacé par un lien symbolique vers la
nouvelle version.
Les variables d'environnement telles que PATH
, LD_LIBRARY_PATH
,
MANPATH
, INFOPATH
et CPPFLAGS
ont besoin d'être étendues pour inclure /usr/pkg/foo
. Pour plus que quelques paquets,
ce schéma devient ingérable.
C'est une variante de la technique précédente. Chaque paquet est
installé de façon similaire au schéma précédent. Mais au lieu de
réaliser le lien symbolique, chaque fichier dispose d'un lien
symbolique vers son équivalent dans la hiérarchie /usr
. Ceci supprime le besoin d'étendre les
variables d'environnement. Bien que les liens symboliques peuvent
être créés par l'utilisateur, pour automatiser la création,
certains gestionnaires de paquets ont été écrits avec cette
approche. Parmi les plus populaires se trouvent Stow, Epkg, Graft
et Depot.
L'installation doit être faussée, de façon à ce que chaque paquet
pense qu'il est installé dans /usr
alors qu'en réalité il est installé dans la hiérarchie
/usr/pkg
. Installer de cette
manière n'est généralement pas une tâche triviale. Par exemple,
considérez que vous installez un paquet libfoo-1.1. Les
instructions suivantes pourraient ne pas installer correctement
le paquet :
./configure --prefix=/usr/pkg/libfoo/1.1 make make install
L'installation fonctionnera mais les paquets dépendants
pourraient ne pas lier libfoo comme vous vous y attendriez. Si
vous compilez un paquet qui se lie à /usr/pkg/libfoo/1.1/lib/libfoo.so.1
au lieu de
/usr/lib/libfoo.so.1
comme vous le
prévoyez. La bonne approche est d'utiliser la stratégie
DESTDIR
pour fausser l'installation du
paquet. Cette approche fonctionne ainsi :
./configure --prefix=/usr make make DESTDIR=/usr/pkg/libfoo/1.1 install
La plupart des paquets supportent cette approche mais elle pose
problème à certains. Pour les paquets non compatibles, vous
pouvez soit les installer manuellement soit trouver plus simple
d'installer les paquets problématiques dans /opt
.
Avec cette technique, un fichier est balisé avec l'heure avant l'installation du paquet. Après l'installation, une simple utilisation de la commande find avec les options appropriées peut générer une trace de tous les fichiers installés après que le fichier temps ne soit créé. install-log est un gestionnaire de paquets écrit avec cette approche.
Bien que ce schéma a l'avantage d'être simple, il a deux inconvénients. Si à l'installation, les fichiers sont installés sans balise de temps autre que l'heure actuelle, ces fichiers ne seront pas suivis par le gestionnaire de paquets. De plus, ce schéma peut seulement être utilisé lorsqu'un seul paquet est installé à la fois. Les traces ne sont pas fiables si deux paquets sont installés dans deux consoles différentes.
Avec cette approche, les commandes que les scripts d'installation accomplissent sont enregistrées. Il y a deux techniques que vous pouvez utiliser :
Vous pouvez initialiser la variable d'environnement LD_PRELOAD
pour qu'elle pointe vers une
bibliothèque à précharger avant l'installation. Lors de
l'utilisation de cette dernière, cette bibliothèque trace les
paquets en cours d'installation en s'attachant eux-même aux
différents exécutables comme cp, install, mv et trace les appels système
qui modifient le système de fichiers. Pour que cette approche
fonctionne, tous les exécutables ont besoin d'être liés
dynamiquement sans bit suid ou sgid. Le préchargement de la
bibliothèque pourrait causer quelques effets de bord
involontaires lors de l'installation ; donc, réalisez quelques
tests pour vous assurer que le gestionnaire de paquets ne casse
rien et trace bien tous les fichiers appropriés.
La seconde technique est d'utiliier strace, qui trace tous les appels du système faits pendant l'exécution des scripts d'installation.
Dans ce schéma, l'installation d'un paquet est faussée dans un répertoire séparé comme décrit plus haut. Après l'installation, une archive du paquet est créée en utilisant les fichiers installés. L'archive est ensuite utilisée pour installer le paquet soit sur la machine locale soit même sur d'autres machines.
Cette approche est utilisée par la plupart des gestionnaires de paquets trouvés dans les distributions commerciales. Les exemples de gestionnaires qui suivent cette approche sont RPM (qui est parfois requis par la Spécification de base de Linux Standard), pkg-utils, apt de Debian, et le système de portage de Gentoo. Une astuce décrivant comment adopter ce style de gestion de paquets pour les systèmes LFS se trouve à http://www.fr.linuxfromscratch.org/view/astuces/fakeroot-fr.txt.
La création de fichiers de paquet qui incluent des informations de dépendance est complexe et va au-delà de l'objectif de LFS.
Slackware utilise un système basé sur tar pour les archives de paquets. Ce système ne gère volontairement pas les dépendances de paquets car d'autres gestionnaires de paquets plus complexes le font. Pour des détails sur la gestion de paquets, voir http://www.slackbook.org/html/package-management.html.
Ce schéma, unique à LFS, a été décrit par Matthias Benkmann et est disponible sur le Projet des astuces. Dans ce schéma, chaque paquet est installé en tant qu'utilisateur séparé dans les emplacements standards. Les fichiers appartenant à un paquet sont facilement identifiés grâce à l'identifiant de l'utilisateur. Les fonctionnalités et avantages de cette approche sont trop complexes pour les décrire dans cette section. Pour plus de détails, voir l'astuce sur http://www.fr.linuxfromscratch.org/view/astuces/gestionnaire-paquets-utilisateur.txt.
Un des avantages du système LFS est qu'il n'y a pas de fichiers
dépendant de la position des fichiers sur un système de disque.
Cloner la construction d'un système LFS sur un autre ordinateur
avec une architecture similaire au système de base est aussi facile
que l'utilisation de tar sur la partition LFS qui
contient le répertoire racine (environ 250Mo décompressés pour une
construction LFS de base), en copiant ce fichier via un transfère
par réseau ou par CD-ROM vers le nouveau système et en le
décompressant. À partir de là, vous devrez modifier quelques
fichiers de configuration. Les fichiers de configuration que vous
pouvez devoir mettre à jour comprennent : /etc/hosts
, /etc/fstab
, /etc/passwd
, /etc/group
, /etc/shadow
et /etc/ld.so.conf
.
Vous pouvez construire un noyau personnalisé pour le nouveau système, selon les différences du matériel du système avec la configuration du noyau initial.
Enfin, vous devez rendre le nouveau système amorçable via Section 8.4, « Utiliser GRUB pour paramétrer le processus de démarrage ».