2.4. Création d'une nouvelle partition

Comme la plupart des autres systèmes d'exploitation, LFS est habituellement installé sur une partition dédiée. Pour la construction d'un système LFS, il est recommandé d'utiliser une partition vide disponible ou d'en créer une, si vous avez assez d'espace non partitionné.

Un système minimal requiert une partition d'environ 10 Go (gigaoctets). C'est suffisant pour conserver toutes les archives tar des sources et pour compiler tous les paquets. Néanmoins, si le système LFS a pour but d'être un système Linux primaire, des logiciels supplémentaires seront probablement installés et réclameront une place supplémentaire. Une partition de 30 Go est raisonnable pour offrir le nécessaire. Le système LFS lui-même ne prendra pas tout cet espace. Une grande partie de cet espace est requis pour fournir un espace temporaire libre suffisant. Compiler des paquets peut demander beaucoup d'espace disque qui sera récupéré après l'installation du paquet.

Parce qu'il n'y a pas toujours assez de mémoire vive (RAM) disponible pour les processus de compilation, il est conseillé d'utiliser une petite partition comme espace d'échange swap. Le noyau utilise cet espace pour stocker des données rarement utilisées et pour laisser plus de mémoire aux processus actifs. La partition de swap pour un système LFS peut être la même que celle utilisée par le système hôte, donc il n'est pas nécessaire de créer une autre partition si votre système hôte possède déjà cette configuration.

Lancez un programme de partitionnement de disques, tel que cfdisk ou fdisk avec une option en ligne de commande nommant le disque dur sur lequel la nouvelle partition sera créée. Par exemple /dev/sda pour le disque primaire. Créez une partition Linux native et, si nécessaire, une partition de swap. Merci de vous référer au manuel de cfdisk(8) ou de fdisk(8) si vous ne savez pas encore utiliser le programme.

[Note]

Note

Pour les utilisateurs expérimentés, il est possible d'utiliser d'autres méthodes de partitionnement. Le nouveau système LFS peut s'installer sur du RAID logiciel ou sur un volume logique LVM logique. Par contre, certaines options exigent un initramfs, ce qui relève d'un sujet avancé. Ces méthodes de partitionnement ne sont pas recommandées pour les utilisateurs novices de LFS.

Gardez en mémoire la désignation de la nouvelle partition (par exemple sda5). Ce livre y fera référence en tant que la partition LFS. Gardez également en tête la désignation de la partition swap. Ces noms vous seront utiles pour le fichier /etc/fstab.

2.4.1. Autres problèmes liés au partitionnement

Des demandes de conseils sont souvent postées sur les listes de diffusion LFS. C'est un sujet très subjectif. Par défaut, la plupart des distributions utilisent le disque en entier, sauf une petite partie réservée à la partition d'échange. Ce n'est pas optimal avec LFS, pour plusieurs raisons. Cela réduit la flexibilité, rend plus difficile le partage de données par plusieurs distributions ou constructions de LFS, allonge le temps de sauvegarde et cela peut occuper de l'espace disque avec une allocation inefficace des structures du système de fichiers.

2.4.1.1. La partition racine

Une partition racine LFS (à ne pas confondre avec le répertoire /root), de vingt gigaoctets est un bon compromis pour la plupart des systèmes. Cela fournit assez de place pour construire LFS et la plupart de BLFS, tout en étant assez petit pour que plusieurs partitions puissent être créées facilement à des fins expérimentales.

2.4.1.2. La partition d'échange

La plupart des distributions créent automatiquement une partition d'échange. En général, la taille recommandée pour une partition d'échange est à peu près deux fois supérieure à la taille de la RAM physique, bien que ce soit rarement nécessaire. Si vous avez un espace disque limité, laissez la partition d'échange à deux gigaoctets et surveillez l'utilisation de la mémoire d'échange sur le disque.

Si vous voulez utiliser l'hibernation (veille sur disque) de Linux, cela écrit le contenu de la RAM vers la partition d'échange avant d'éteindre la machine. Dans ce cas la partition d'échange devrait être au moins aussi grande que la RAM installée sur le système.

L'utilisation de la mémoire d'échange n'est jamais une bonne chose. Avec un disque mécanique, vous pouvez dire si un système utilise la mémoire d'échange simplement en écoutant l'activité du disque et en observant la façon dont le système réagit aux commandes. Pour un disque SSD vous ne pourrez pas l'entendre utiliser l'espace d'échange mais vous pouvez savoir combien d'espace d'échange est utilisé avec les programmes top ou free. Vous devriez éviter d'utiliser une partition d'échange sur un SSD si possible. Votre première réaction lorsque la mémoire d'échange est utilisée devrait être de vérifier si une commande n'est pas déraisonnable, comme essayer d'éditer un fichier de cinq gigaoctets. Si l'utilisation de la mémoire d'échange devient un phénomène habituel, la meilleure solution est d'ajouter de la RAM à votre système.

2.4.1.3. La partition Bios de Grub

Si le disque de démarrage est partitionné avec une table de partition GUID (GPT), alors une petite partition de l’ordre d’1 Mo doit être créée, si elle n’existe pas déjà. Cette partition n’est pas formatée, mais doit être disponible pour que GRUB l’utilise pendant l’installation du chargeur de démarrage. Cette partition sera normalement intitulée « BIOS Boot » si vous utilisez fdisk ou aura le code EF02 avec gdisk.

[Note]

Note

La partition Bios de Grub doit se trouver sur le disque que le BIOS utilise pour démarrer le système. Ce n’est pas nécessairement le même disque que celui sur lequel la partition racine de LFS est installée. Les disques d’un système peuvent utiliser des types de tables de partitions différents. Le besoin de cette partition ne dépend que du type de table de partitions du disque de démarrage.

2.4.1.4. Partitions de commodité

Plusieurs autres partitions ne sont pas nécessaires mais vous devriez les étudier lorsque vous aménagez un disque dur. La liste suivante n'est pas exhaustive mais peut être perçue comme un guide.

  • /boot – Fortement recommandée. Utilisez cette partition pour conserver les noyaux et d'autres informations de démarrage. Pour minimiser les problèmes de démarrage avec les gros disques, faites-en la première partition physique sur votre premier disque dur. Une taille de partition de 200 mégaoctets est parfaitement adaptée.

  • /home – Fortement recommandée. Partage votre répertoire home et vos paramètres utilisateur entre plusieurs distributions ou constructions de LFS. La taille est en général assez importante et dépend de l'espace disque disponible.

  • /usr – Dans LFS, /bin, /lib et /sbin sont des liens symboliques vers leur contrepartie dans /usr. Dans /usr contient tous les binaires requis pour lancer le système. Dans LFS, une partition séparée pour /usr n'est normalement pas requise. Si vous en avez quand même besoin, vous devrez la rendre assez grande pour contenir tous les programmes et bibliothèques du système. La partition racine peut être très petite (peut-être juste un gigaoctet) dans cette configuration, donc elle est parfaite pour un client léger ou une station de travail sans disque (où /usr est monté à partir d'un serveur distant). Cependant, vous devrez vous assurer qu'un initramfs (dont la construction n'est pas couverte par LFS) pourra démarrer le système avec une partition /usr séparée.

  • /opt – Ce répertoire est surtout utile pour BLFS où vous pouvez installer plusieurs versions de gros paquets tels que Gnome ou KDE sans mettre les fichiers dans la hiérarchie /usr. Si vous l'utilisez, cinq à dix gigaoctets sont généralement adaptés.

  • /tmp – Un répertoire /tmp séparé est rare, mais utile si vous configurez un client léger. Si vous l'utilisez, cette partition ne nécessitera en général pas plus de deux gigaoctets.

  • /usr/src – Cette partition est très utile pour fournir un endroit où conserver les fichiers des sources de BLFS et les partager entre des constructions LFS. Vous pouvez aussi l'utiliser comme lieu de construction des paquets BLFS. Une partition raisonnablement grande comprise entre trente et cinquante gigaoctets permet d'avoir beaucoup de d'espace.

Vous devez spécifier toute partition que vous voulez voir montée automatiquement au démarrage dans /etc/fstab. La spécification des partitions sera expliquée en détails dans le Section 10.2, « Créer le fichier /etc/fstab ».